Eugene Ionesco

6h26, sur La Première, notre archive du jour, signé Pierre-Etienne Joy. Nous sommes le 21 janvier, oui, mais là nous remontons jusqu’en 1970. L’auteur de théâtre français d’origine roumaine, Eugène Ionesco, est élu à l’Académie française ce jour-là. Celui qu’on a à qui l’on doit la cantatrice chauve prend le fauteuil de Jean Polan. Écrivain et auteur dramatique français, Ionesco est considéré comme l’initiateur du théâtre de l’absurde et son chef de file en France, avec l’irlandais Samuel Beckett. On lui doit à Rhinocéros la leçon, les chaises, où le roi se meurt. Aussi la cantatrice chauve, bien sûr. Jouée tous les soirs, sans interruption, au théâtre de la Huchette à Paris depuis les années 50. Ionesco est officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du mérite, commandeur des arts et des lettres.

La parole est à monsieur Eugène Ionesco pour la lecture de son remerciement.

Il faut que je trouve mes lunettes.

« Messieurs, j’aimais beaucoup Jean Polan. J’admirais son esprit pénétrant, sa lucidité et l’acuité de son intelligence, la précision de sa pensée qui, de nuance en nuance, de distinction en distinction, de précision en précision, conduisait jusqu’à l’impalpable, au degré zéro de la pensée. Je me demande si la littérature ne résulte pas d’une certaine façon de se regarder soi-même et de regarder les autres, le monde. Elle est vraisemblablement, en effet, le résultat d’un certain regard qui fait que la réalité, onirique ou non, nous apparaît insolite. En tout cas, elle peut être aussi l’art de retrouver le mystère, de rendre le monde mystérieux. Qu’irais-je faire, m’étais-je dit, au milieu de tant de savants et d’érudits ? Mais j’aurais été bien stupide et bien orgueilleux de ne pas faire confiance à ceux qui me font confiance. Je vous remercie, messieurs. ».

Ionesco reçoit son épée d’académicien un peu plus d’un an après sa nomination. Une épée pour l’auteur du rhinocéros. Et Ionesco, fidèle au col roulé, recevait hier, dans les salons de la maison de Molière, son premier attribut d’académicien. Tous ses amis étaient là pour lui remettre cette épée sur la poignée de laquelle la corne du rhinocéros, la fille aux trois nez de Jacques ou la soumission, est l’œuf de l’avenir est dans les œufs. Ionesco, débonnaire, avait oublié son discours à la maison et ayant, selon lui, la spontanéité lente, il déclara qu’il improviserait demain sa réponse. Auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur le théâtre, dont le célèbre Note et Contre-Note, Eugène Ionesco connaît à la fin de sa vie une consécration, celle d’être l’un des premiers auteurs à être publié de son vivant dans la prestigieuse bibliothèque de la Pléiade. Ionesco meurt le 28 mars 1994 à l’âge de 84 ans. C’est Marc Fumaroli qui lui succède à l’Académie française.

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