Le Dadaïsme (1916 – 1924)

20ème siècle

Le 20e siècle voit une explosion de mouvements littéraires, reflet des bouleversements sociaux et historiques. Le modernisme révolutionne la narration en explorant la subjectivité et la conscience. Les avant-gardes, comme le surréalisme ou le dadaïsme, rejettent les conventions pour privilégier l’inconscient et l’imaginaire. Parallèlement, l’existentialisme interroge le sens de l’existence, tandis que le Nouveau Roman réinvente les formes narratives en déconstruisant les schémas traditionnels.

Le Dadaïsme (1916 – 1924)

Le dadaïsme, ou courant dada, est un mouvement littéraire, artistique et intellectuel né pendant la Première Guerre mondiale à Zurich, en Suisse, autour du Cabaret Voltaire. Rejetant les conventions esthétiques et idéologiques, ce mouvement apparaît comme une révolte contre la société, les institutions et les valeurs traditionnelles, en réponse à l’absurdité et aux horreurs de la guerre.

Contexte historique et culturel
Une période de chaos mondial :
La Première Guerre mondiale (1914-1918) bouleverse l’Europe, causant des destructions humaines et matérielles sans précédent.
Les dadaïstes, scandalisés par les atrocités du conflit et la faillite des valeurs qui l’ont permis, expriment leur rejet radical de la logique et de la raison, jugées responsables de cette tragédie.
Un mouvement international :
Le dadaïsme voit le jour dans un contexte cosmopolite, avec des artistes et écrivains exilés de toute l’Europe.
Outre Zurich, des centres dada s’établissent à Paris, Berlin, New York et ailleurs.
Un climat d’expérimentation artistique :
Le dadaïsme s’inscrit dans une époque marquée par l’émergence de mouvements novateurs comme le futurisme, qui exaltait la modernité et la vitesse, mais à laquelle dada s’oppose par son antimilitarisme.

Caractéristiques principales
– Le rejet des conventions :
Les dadaïstes rejettent les règles classiques de l’art, de la littérature et de la logique.
Ils revendiquent le non-sens, le chaos et l’irrationalité comme des moyens d’expression.
– Une volonté de provocation :
Le dadaïsme s’illustre par des performances scandaleuses, des œuvres absurdes et des manifestes provocateurs.
Les dadaïstes cherchent à choquer le public pour le forcer à remettre en question les valeurs établies.
– La liberté totale d’expression :
La création artistique dada refuse tout cadre prédéfini, valorisant l’improvisation et l’expérimentation.
Les techniques incluent le collage, l’assemblage, l’utilisation de matériaux de récupération et l’écriture automatique.
– L’engagement politique :
Les dadaïstes dénoncent les institutions politiques, sociales et culturelles qu’ils jugent des responsables des souffrances humaines.
Leur critique acerbe de la société les conduit à adopter une posture anarchiste et antimilitariste.
– Le mépris pour les traditions littéraires :
Les textes dada se distinguent par l’absence de structure, de syntaxe et de cohérence logique.
L’objectif est de libérer l’écriture des contraintes classiques et de lui permettre d’explorer de nouvelles formes.

Thèmes principaux
– La dénonciation de la guerre et de ses absurdités :
Le dadaïsme traduit le rejet des valeurs patriotiques, militaires et bourgeoises qui ont conduit à la Première Guerre mondiale.
– Le refus de l’ordre établi :
Les dadaïstes s’opposent à toute forme d’autorité, qu’elle soit politique, religieuse ou artistique.
– L’exploration de l’absurde et du non-sens :
Le mouvement célèbre l’irrationnel, le chaos et le hasard comme réponses à une société jugée hypocrite et destructrice.
– La remise en question de l’art lui-même :
Dada ne se contente pas de créer des œuvres nouvelles, mais interroge la notion même d’art.
Les objets du quotidien sont détournés pour devenir des œuvres artistiques, comme les ready-made de Marcel Duchamp.

Auteurs significatifs et œuvres majeures

• Louis Aragon (1897-1982) :

Aragon rejoint dada à ses débuts, participant activement aux publications et aux manifestations du mouvement.
Ses premiers écrits, marqués par l’absurde et l’expérimentation, annoncent son passage ultérieurement au surréalisme.

• André Breton (1896-1966) :

Breton est une figure centrale du mouvement, notamment à Paris, avant de fonder le surréalisme en 1924.
Il contribue aux manifestes dada et aux revues littéraires du courant.

• Paul Éluard (1895-1952) :

Éluard participe concrètement au dadaïsme, enrichissant le mouvement de sa sensibilité poétique, avant de s’orienter vers le surréalisme.
Héritage et influence
Une critique radicale du monde moderne :
Le dadaïsme reste une référence pour toutes les formes d’art et de littérature qui remettent en cause les normes et les conventions.
L’émergence du surréalisme :
Le dadaïsme évolue vers le surréalisme, avec lequel il partage l’esprit de rébellion et d’expérimentation, mais qui se distingue par une orientation plus constructive et une quête du merveilleux.
Un impact durable sur l’art contemporain :
Les idées dadaïstes sur la liberté artistique, l’absurde et l’anti-art continuent d’influencer les mouvements d’avant-garde, tels que le pop art, l’art conceptuel et la performance.
Le dadaïsme, bien qu’éphémère, a marqué l’histoire de la littérature et des arts en bouleversant les certitudes et en ouvrant la voie à une créativité libérée des conventions.