Le classicisme (1650-1715)

Le classicisme (1650-1715)

Le classicisme (1650-1715) est un courant littéraire et artistique qui se développe principalement en France sous le règne de Louis XIV, marqué par un idéal d’ordre, d’harmonie et de perfection. Ce mouvement se distingue par son aspiration à l’universel et son souci de respecter des règles strictes, tant dans les formes littéraires que dans les comportements sociaux.

Contexte historique et culturel
Règne de Louis XIV (1643-1715) : Le classicisme s’épanouit dans un contexte de monarchie absolue où l’ordre, la hiérarchie et la discipline sont valorisés.
Académie française (fondée en 1635) : Elle joue un rôle central dans la normalisation de la langue et des règles littéraires.
Réaction au baroque : Le classicisme s’oppose à l’exubérance et au désordre du baroque, lui préférant la simplicité, la clarté et l’équilibre.

Caractéristiques du classicisme

– Idéal esthétique
Clarté et simplicité :
Les œuvres classiques privilégient un style limpide et accessible, entraînant la surcharge d’ornements.
– Équilibre et harmonie :
Chaque élément de l’œuvre doit trouver sa place pour créer une structure ordonnée et équilibrée.
– Respect des règles
Bienséance :
Tout ce qui pourrait choquer le public ou être jugé immoral est banni. Les personnages et les intrigues respectent les codes sociaux de l’époque.
Vraisemblance :
Les actions doivent être crédibles et conformes à la réalité ou à l’idée qu’on s’en fait.
Règle des trois unités : Ces principes régissent les pièces de théâtre pour garantir cohérence et clarté :
Unité de temps : L’action doit se dérouler en une seule journée.
Unité de lieu : L’intrigue se limite à un seul endroit.
Unité d’action : L’intrigue doit être unique, sans intrigues secondaires, pour éviter toute distraction.
– Un idéal humain et moral
L’éternité de l’homme :
Les œuvres classiques cherchent à explorer des vérités universelles, valables pour tous les hommes à travers le temps et les cultures.
Dépassement de l’individu :
Les passions personnelles sont soumises à la raison et au devoir, reflétant une quête d’idéal moral et de maîtrise de soi.
Analyse et moral :
Les auteurs classiques mettent en avant des analyses profondes de l’âme humaine, souvent pour en tirer des leçons morales.
Plaire et instruire :
Selon la maxime de Nicolas Boileau (art poétique), la littérature classique doit à la fois divertir et enseigner.
– Un langage élégant et pur
Les œuvres classiques valorisent une langue maîtrisée, élégante et conforme aux normes établies par l’Académie française.
Les dialogues et monologues sont souvent écrits en alexandrins (vers de 12 syllabes), symbole d’équilibre et de noblesse.

Thèmes principaux
– La condition humaine :
Les tragédies classiques examinent les conflits entre devoir, passion, raison et fatalité.
– La moral
L’importance des valeurs morales, du respect des hiérarchies sociales, et de la modération des passions.
– L’amour et la passion :
Souvent conflictuels, ces thèmes mettent en lumière les dilemmes entre désir personnel et obligations sociales.
– Le pouvoir et ses abus :
Les intrigues de cour, les conflits de pouvoir et les tensions entre justice et autorité sont récurrents.

Formes littéraires privilégiées

– Théâtre :
Le théâtre est le genre phare du classicisme, avec une prédilection pour la tragédie et la comédie.
– Tragédie classique :
Elle exploite les conflits humains dans des cadres nobles, souvent inspirés de l’Antiquité.
– Comédie classique :
Elle satirise les travers humains et sociaux tout en respectant les règles de bienséance.
– Fables :Brèves et souvent écrites en vers, elles visent à transmettre des leçons morales.
– Discours et lettres :
Les œuvres oratoires et les lettres classiques mettent en avant l’élégance de la langue et la force de l’argumentation.
– Épopée et poésie lyrique :
Plus rares, mais présentes dans certaines œuvres, notamment avec des inspirations antiques.

Auteurs significatifs et œuvres majeures

• Molière (1622-1673)

Maître de la comédie classique, il dénonce les hypocrisies et travers les humains tout en divertissant.
Œuvres :
Le Misanthrope (1666) : Critique de la société et des faux-semblants.
Tartuffe (1664) : Satire de l’hypocrisie religieuse.
L’Avare (1668) : Portrait caricatural de l’obsession de l’argent.

• Jean Racine (1639-1699)

Grand tragédien classique, il explore les passions humaines et leurs conflits avec le devoir.
Œuvres :
Phèdre (1677) : Tragédie de la passion destructrice.
Andromaque (1667) : Lutte entre amour, vengeance et devoir.
Britannicus (1669) : Intrigues politiques et familiales sous l’Empire romain.

• Jean de La Fontaine (1621-1695)

Auteur de fables alliant finesse morale et style poétique.
Œuvres :
Les Fables (1668-1694) : Histoires animales illustrant les travers humains (Le Corbeau et le Renard , La Cigale et la Fourmi ).

• Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704)

Orateur et moraliste, il excelle dans l’art du sermon et du discours.
Œuvres :
Oraisons funèbres : Louanges des grandes figures de l’époque.
Discours sur l’histoire universelle (1681) : Vision providentialiste de l’histoire humaine.

• Nicolas Boileau (1636-1711)

Théoricien du classicisme, il codifie les principes du mouvement dans son Art poétique (1674).
Œuvres :
Les Satires (1666-1716).
Épîtres (1670-1698).
Héritage du classicisme
Le classicisme a marqué durablement la littérature et la culture française, érigeant un modèle d’excellence esthétique et morale.
Il inspire des mouvements ultérieurs, tels que le néoclassicisme au XVIIIᵉ siècle, et reste une référence dans l’enseignement des lettres.
Le classicisme symbolise la recherche de la perfection et de l’universalité dans les arts, tout en proposant une réflexion profonde sur l’humanité et ses contradictions.